La maladie d’Alexander

La maladie d’Alexander est une maladie génétique rare de la famille des leucodystrophies démyélinisantes. Son incidence dans le monde n’est pas précisément connue, mais a été estimée à 1/2 700 000 au Japon. Cette maladie neurologique est diagnostiquée le plus souvent dans la petite enfance, mais des formes juvéniles et adultes existent également. Les symptômes comprennent un retard mental, l’épilepsie, une raideur musculaire, et leur progression conduit au décès du patient. Elle est caractérisée par une dégénérescence de la substance blanche et la formation de fibres de Rosenthal.

1. La mutation génétique

La maladie d’Alexander est causée par des mutations dominantes du gène GFAP qui est situé sur le chromosome 17 (en 17q21). Ce gène permet la fabrication de la protéine acide fibrillaire gliale (GFAP). Ces protéines fibrillaires s’assemblent pour former des filaments intermédiaires dans les astrocytes du système nerveux central.

En clair, c’est quoi un filament intermédiaire et leur rôle dans les astrocytes ?

Les astrocytes sont des cellules du cerveau qui ressemblent à des astres (d’où leur nom : « astro », et « cyte » pour cellule). Elles ressemblent à des étoiles qui auraient des rayons. Ces faisceaux sont comme les bras de la cellule. Ces extensions sont nécessaires à la fonction de la cellule, qui doit échanger des informations avec beaucoup d’autres cellules de son environnement : la substance blanche.

Le cytosquelette [1], c’est le squelette de la cellule ; c’est ce qui permet à la cellule d’avoir une certaine forme.

Les filaments intermédiaires  sont des constituants du cytosquelette. Ils maintiennent l’architecture de la cellule. Les filaments intermédiaires de type III sont composés de GFAP dans les astrocytes et d’autres cellules gliales. Ces nanofilaments s’assemblent spontanément et ne nécessitent ni protéine chaperonne, ni source énergétique. Comme un assemblage de Lego.

Les mutations de GFAP sont dominantes, c’est-à-dire qu’une seule copie mutée du gène entraîne la maladie. Dans la grande majorité des cas, la mutation est sporadique, ce qui signifie qu’elle n’est pas héritée des parents, et elle apparaît pour des raisons inconnues. Déjà plus d’une centaine de variants pathogènes ont été identifiés.

Les mutations de GFAP, qui se retrouvent chez 90% des patients, sont des mutations « faux sens ». Les mutations faux sens sont des mutations ponctuelles dans lesquelles une lettre du gène est changée (un nucléotide), modifiant l’assemblage en cours de la chaîne qui forme la protéine. Le résultat est une protéine modifiée, et dans la maladie d’Alexander, cette protéine gagne en activité. On parle de gain de fonction.

2. Le mécanisme simplifié conduisant à la maladie

Il est aujourd’hui clair que la maladie d’Alexander est une maladie des astrocytes. Dans les astrocytes des patients atteints de la maladie d’Alexander, la présence de GFAP mutée, et une accumulation excessive de GFAP (mutée et non mutée), sont liées à l’activation de plusieurs voies de stress cellulaire. L’hyperactivation des astrocytes pourrait être toxique et le principal contributeur de la pathogenèse. Les astrocytes sont essentiels au développement et au fonctionnement du cerveau, mais jusqu’à récemment, ces cellules neurales étaient largement ignorées. Le rôle crucial des astrocytes dans le cerveau commence maintenant à être reconnu.

Les fibres de Rosenthal

Les fibres de Rosenthal sont composées des protéines de filament intermédiaire agglomérées, principalement de la GFAP. Elles se forment dans les processus astrocytaires (les bras des astrocytes), et apparaissent comme des dépôts dans la cellule. Ces agrégats sont parfois retrouvés dans d’autres types de maladies, mais pas avec l’abondance, ou la distribution particulière dans le cerveau, qui sont observées dans la maladie d’Alexander. Les inclusions de fibres de Rosenthal sont visibles sur des colorations du cerveau. Elles ressemblent à des faisceaux épais, allongés, semblables à des vers ou en forme de tire-bouchon, mesurant environ 10 à 40 micromètres de diamètre sur 100 micromètres de longueur.

Aujourd’hui, ce qui déclenche la formation des fibres de Rosenthal n’est pas clair, et il n’est pas établi que ces fibres soient protectrices ou toxiques. Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour comprendre le rôle spécifique de GFAP et les mécanismes responsables de la maladie.

3. L’expression clinique

La maladie d’Alexander a été identifiée en 1949 par le docteur Stewart Alexander, pathologiste australien, qui le premier décrivit un cas infantile présentant des fibres de Rosenthal et une perte de myéline. C’est une leucodystrophie neurodégénérative, ce qui signifie que, en parallèle de la perte de substance blanche, les neurones perdent continuellement leur structure et leur fonctionnalité au fil du temps.

Les symptômes de la maladie d’Alexander peuvent varier. Ils dépendent largement de l’âge d’apparition de la maladie mais peuvent inclure : des spasmes, des troubles d’apprentissage, des problèmes d’alimentation, une taille de tête et de cerveau accrue, une hydrocéphalie (présence de liquide dans le cerveau), un retard de développement et de croissance, des crises épileptiques, une mobilité réduite, des problèmes d’élocution, de régression mentale, des difficultés à avaler, une incapacité à tousser, des troubles du sommeil.

La maladie d’Alexander chez le petit enfant

Dans 80% des cas, la maladie d’Alexander se manifeste avant l’âge de 3 ans. Les petits patients développent une hypertrophie du cerveau et de la tête (c’est-à-dire une augmentation de volume), des convulsions, une raideur des bras et / ou des jambes, une déficience intellectuelle et un retard de développement.

Dans de rares cas, une forme néonatale de maladie d’Alexander survient au cours du premier mois de vie et est associée à une déficience intellectuelle sévère et à un retard de développement, à une accumulation de liquide céphalo-rachidien dans le cerveau (hydrocéphalie) et à des convulsions.

La maladie d’Alexander chez l’enfant plus âgé

14 % des patients développent les premiers symptômes entre 3 et 12 ans. Pour ces formes juvéniles les symptômes comprennent généralement une mauvaise coordination (ataxie), des difficultés à avaler, des problèmes d’élocution, des crises d’épilepsie

La forme adulte de la maladie d’Alexander

Chez les patients atteints par la forme adulte de la maladie d’Alexander (6% des cas), les symptômes neurologiques et le pronostic sont variables. Les symptômes ne sont pas spécifiques et comprennent, comme pour les formes juvéniles, une mauvaise coordination (ataxie), des difficultés de déglutition, des anomalies de la parole, et des convulsions.

En règle générale, la maladie d’Alexander est moins grave lorsqu’elle se développe à l’âge adulte. La taille de la tête et la capacité mentale peuvent être complètement normales à ce stade, mais un lent déclin mental est possible.

Maladie d’Alexander chez les personnes âgées (65 ans et plus)

Il est extrêmement rare que la maladie d’Alexander se développe aussi tardivement. Si tel est le cas, les symptômes sont souvent confondus avec ceux d’une sclérose en plaques ou ceux d’une tumeur au cerveau. La gravité de la maladie est alors souvent si modérée, que la maladie d’Alexander est diagnostiquée après le décès, lorsqu’une autopsie révèle des dépôts de protéines inhabituels dans le cerveau.

Classification symptomatique

Des systèmes de classification plus récents ont été proposés qui reposent davantage sur l’emplacement des lésions dans le cerveau et la moelle épinière et, par conséquent, sur les types de symptômes.

Les patients de type I ont une prédominance frontale des lésions, tous sont précoces et ont une évolution plus agressive de la maladie. En règle générale, les patients de type I présentent divers retards de développement, affectant à la fois les capacités cognitives et motrices (telles que le langage ou la marche), suivis d’une perte de jalons, d’une augmentation anormale de la taille de la tête et souvent de convulsions.

Les patients de type II ont une prédominance du cerveau postérieur, avec des apparitions tout au long de la vie, et une progression plus lente de la maladie. Les patients de type II éprouvent plus de problèmes de marche. De nombreux patients ont des problèmes de vomissements excessifs, de difficulté à avaler et à parler

Les patients de type I prédominent dans la littérature, mais cela reflète probablement un biais de vérification, car les patients adultes en particulier sont souvent mal diagnostiqués avec d’autres conditions, telles que la maladie de Parkinson ou la sclérose en plaques.

4. Le diagnostic de la maladie

Bien qu’il existe des symptômes et des éléments cliniques pouvant orienter vers une maladie d’Alexander, le diagnostic ne peut être validé que par des tests génétiques. Les personnes présentant des symptômes sont référées à un spécialiste de la génétique et du métabolisme qui peut s’assurer qu’un diagnostic correct est posé.

5. Le conseil génétique

A ce jour, plus de 100 mutations génétiques différentes ont été identifiées. Dans la plupart des cas, la mutation génétique à l’origine de ce trouble est spontanée, ce qui signifie qu’il ne s’agit pas d’une mutation transmise par l’un ou l’autre des parents. Par conséquent, il est peu probable que d’autres enfants des mêmes parents aient la maladie d’Alexander. Il est peu probable que les frères et les sœurs d’enfants atteints de la maladie d’Alexander soient eux aussi atteints de la maladie. Seuls quelques cas familiaux ont été rapportés. Il est important de parler avec un généticien ou un expert de la maladie d’Alexander pour discuter de la probabilité que la maladie soit transmise génétiquement à d’autres membres de la famille.

6. Les traitements

A ce jour, il n’existe pas de traitement définitif de la maladie d’Alexander. Cependant, quelle que soit la forme diagnostiquée, il est important de mettre rapidement en place des soins médicaux complets. Grâce à des soins médicaux proactifs et complets, les patients peuvent éviter des souffrances et des complications inutiles, et avoir la meilleure qualité de vie possible.

Une attention particulière doit être portée :

  • Aux soins généraux
  • Ergothérapie et physiothérapie
  • Nutrition
  • Orthophonie
  • Antibiotiques pour toute infection développée
  • Médicaments antiépileptiques pour contrôler les crises

La recherche

Avec l’absence d’un traitement définitif, la recherche continue. Elle est doit encore mieux comprendre la maladie afin d’envisager des traitements.

• Oligonucléotides antisens

Pour traiter la maladie d’Alexander, les chercheurs réfléchissent à l’utilisation d’oligonucléotides antisens (ASO), une technologie permettant de supprimer l’expression d’un gène en particulier. Ces traitements sont en cours de développement dans plusieurs maladies, et un premier ASO a été autorisé en Europe et aux États-Unis pour le traitement de l’amyotrophie spinale, une maladie rare neuromusculaire.

Pour la maladie d’Alexander, un traitement par ASO est déjà à l’étude chez l’animal, et les premiers résultats sont encourageants. Une seule injection d’ASO dans le ventricule cérébral agit en quelques semaines. Les fibres de Rosenthal disparaissent et plusieurs marqueurs reviennent à des niveaux proches de la normale. Ces résultats ont suscité un intérêt important dans la communauté clinique et pourraient conduire à un essai clinique formel mais il reste encore beaucoup à faire, notamment évaluer la capacité des ASO à produire des améliorations des phénotypes moteurs et comportementaux.

• EJP Alexander

Dans le cadre de sa mission de soutien à la recherche contre les leucodystrophies, ELA International participe à un Programme Conjoint Européen pour les maladies rares (EJP Maladies Rares) portant sur la maladie d’Alexander. L’objectif de ce projet de 3 ans, est de mieux comprendre le processus de déclenchement et de développement de la maladie. Il est conduit par le professeur Elly Hol de l’université d’Utrecht aux Pays Bas et associe 7 équipes de recherche de 6 pays différents (Suède, République Tchèque, Israël, Espagne, Luxembourg, Nouvelle Zélande). La synergie des expertises et des connaissances, et la valorisation des ressources au-delà des frontières font la force de ces programmes européens auxquels ELA s’associe.

Conclusions

De nombreuses zones d’ombre existent encore autour de la maladie d’Alexander tant du point de vue de la compréhension des mécanismes de la maladie, que de la recherche de traitements. Seuls 500 cas ont été décrits dans le monde ce qui en fait une maladie extrêmement rare et complique la recherche. Aujourd’hui les médecins s’attachent à mieux prendre en charge ces patients par des soins médicaux proactifs et globaux, et à offrir la meilleure qualité de vie possible pour ces patients. La recherche continue, avec le soutien d’ELA, pour espérer demain des solutions.

[1] Cytosquelette : ensemble organisé des polymères biologiques d’une cellule qui lui confèrent l’essentiel de ses propriétés mécaniques.

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Actualité et résultats associés

Actualité et Résultats

L’adrénoleucodystrophie

L’adrénoleucodystrophie liée au chromosome X (ALD) est une maladie génétique mondialement présente, rare et grave de la famille des leucodystrophies. Son incidence de 1 pour 17 000 naissances la place cependant comme la plus fréquente des leucodystrophies. C’est une maladie métabolique qui affecte non seulement le cerveau, la moelle épinière et les nerfs périphériques, mais aussi le cortex des glandes surrénales (et les testicules), une partie de son nom « adréno- » y fait référence.

L’adrénoleucodystrophie peut débuter dans l’enfance, l’adolescence ou l’âge adulte et se présenter sous de nombreuses formes cliniques de gravité variable :

  • le plus souvent sous la forme d’une maladie lentement progressive de la moelle épinière et à un moindre degré des nerfs périphériques chez les hommes et les femmes : c’est l’adrénomyéloneuropathie (AMN) qui grève le pronostic fonctionnel moteur des membres inférieurs.
  • plus rarement sous la forme d’une maladie rapidement évolutive du cerveau (ALD cérébrale) chez les garçons et les hommes adultes dont l’issue est le plus souvent fatale en l’absence de greffe de moelle osseuse.

1. La mutation génétique

Les chromosomes X et Y

Les chromosomes sont des super-molécules présentes dans les noyaux des cellules. Ils contiennent l’ADN qui est le patrimoine génétique de tout individu.

Chez l’homme, chaque cellule contient 46 chromosomes, regroupés en 23 paires. Une paire comprenant un exemplaire qui provient de la mère et un exemplaire qui provient du père. Une cellule dispose donc de deux copies de chaque gène, qui ne sont pas forcément identiques l’une à l’autre. Les chromosomes X et Y sont appelés chromosomes sexuels. Ils font partie de la même paire de chromosome, la 23ème paire. Leur nom vient du fait que les hommes et les femmes ne sont pas identiques vis-à-vis de cette 23èmepaire. Les femmes ont 2 copies X et les hommes un X et un Y. Ainsi, une femme transmet toujours un X à ses enfants et un homme soit un X soit un Y, ce qui définira le sexe de l’enfant. Hommes et femmes ont donc tous le chromosome X en commun, mais les hommes n’en ont qu’une seule copie quand les femmes en ont deux. Les femmes n’ont pas de chromosome Y et n’ont donc aucune copie des gènes présents dans le chromosome Y à la différence des hommes.

Le gène dont la mutation est responsable de l’ALD est le gène ABCD1 qui est situé sur le chromosome sexuel X (en Xq28). Les hommes, n’ayant qu’une copie du chromosome X, n’ont donc qu’une copie du gène ABCD1 et vont toujours subir les effets de la mutation si elle existe. Les femmes ont deux copies du chromosome X et donc deux copies du gène ABCD1 (l’une provenant de leur mère et l’autre copie provenant de leur père). Mais un seul des chromosomes X et donc un seul gène ABCD1 est fonctionnel dans les cellules des différents organes, et ce en proportion variable. Par exemple dans la moelle épinière, une femme conductrice hétérozygote peut avoir 80% des cellules qui expriment le gène ABCD1 normal ou à l’inverse 75% des cellules qui expriment le gène ABCD1 muté. Les femmes hétérozygotes ont toujours dans un organe donné au moins 10 à 20% des cellules qui expriment le gène ABCD1 normal. Ceci explique probablement pourquoi les femmes hétérozygotes ne développent jamais d’atteinte cérébrale et aussi pourquoi toutes ne développent pas des symptômes d’AMN à l’âge adulte.

Figure 1: la transmission génétique. Si la mère est conductrice d’une mutation sur le gène ABCD1 (partie gauche de la figure), pour chaque fille, il y a une chance sur deux qu’elle porte la mutation responsable de la maladie. Pour chaque fils, il a une chance sur deux qu’il porte la mutation et développe la maladie. Si le père est malade (partie droite), tous ses fils seront exempts de la maladie et toutes ses filles seront conductrices de la mutation responsable de la maladie.

2. Le mécanisme simplifié conduisant à la maladie

Le péroxysome

L’adrénoleucodystrophie est une maladie péroxysomale, c’est-à-dire qu’elle résulte du dysfonctionnement des peroxysomes qui sont des petites structures présentes dans toutes les cellules. Les péroxysomes sont chargés de dégrader les acides gras à très longues chaînes (AGTLC). Le gène ABCD1 a été identifié en 1993 par les équipes du Pr Aubourg et du Pr Mandel. Il code pour la protéine ABCD1 (ou ALDP), un transporteur permettant l’entrée des acides gras à très longues chaînes dans les péroxysomes où ils sont ensuite dégradés.

Dans l’adrénoleucodystrophie, la mutation du gène ABCD1 entraîne un dysfonctionnement de ce transport et ne permet pas aux acides gras à très longue chaîne d’entrer dans le péroxysome afin d’y être détruits par oxydation. C’est pourquoi ils s’accumulent dans toutes les cellules de l’organisme et dans le sang. On sait cependant aujourd’hui qu’une mutation du gène ABCD1 peut entraîner une anomalie de la fonction de certaines cellules sans que cela soit dû à l’accumulation d’AGTLC.

Figure 2: l’anomalie métabolique. Dans les cellules, les péroxysomes sont des compartiments dans lesquels les acides gras à très longues chaînes (AGTLC) sont dégradés. La protéine ALDP, fabriquée à partir du gène ABCD1, permet de transporter les AGTLC dans les péroxysomes. Chez les patients atteints d’ALD, le gène ABCD1 est muté et la protéine ALDP qu’il code ne fonctionne pas : les AGTLC ne peuvent pas entrer dans les peroxysomes pour y être dégradés : ils s’accumulent dans les cellules complexés à différents autres lipides et protéines.

L’accumulation des acides gras à très longue chaîne

Dans des conditions expérimentales en culture de cellules,  les acides gras à très longue chaîne semblent être toxiques pour les oligodendrocytes, les cellules qui fabriquent la myéline. Leur accumulation conduit à la mort cellulaire. Elle perturbe l’homéostasie du calcium et entraîne le dysfonctionnement des mitochondries et la production d’espèces réactives de l’oxygène. Quand les oligodendrocytes meurent, la maintenance des gaines de myéline (qui sont en fait des prolongements des membranes des oligodendrocytes s’enroulant autour des axones) est altérée pouvant conduire à leur destruction, comme c’est le cas dans les formes cérébrales d’ALD. Dans l’AMN, l’accumulation d’AGTLC dans les oligodendrocytes de la moelle épinière ne conduit cependant pas à la mort des oligodendrocytes mais à un dysfonctionnement des axones sans démyélinisation significative. Lorsque les AGTLC s’accumulent dans la cellule, des acides gras à longue chaîne plus courte (18 ; 20 ou 22 carbones) sont accessibles aux molécules chargées de les allonger, augmentant encore la quantité d’AGTLC. C’est un cercle vicieux.

La rupture de la barrière hémato-encéphalique

Récemment, il a été mis en évidence que la rupture de la barrière hémato-encéphalique, caractéristique de l’adrénoleucodystrophie visible par IRM, survient dans des régions du cerveau en avant de toute démyélinisation (Musolino et al., 2015). L’inflammation qui conduit à la dégradation de la myéline (par infiltration de leucocytes) semble être une conséquence directe de cette rupture de la barrière hémato-encéphalique, et non pas un phénomène directement lié à l’accumulation des AGTLC comme cela était envisagé précédemment. ABCD1 est très fortement exprimé dans les cellules endothéliales (et les astrocytes) de la barrière hémato-encéphalique. Cette équipe a montré que chez les patients ALD, et en absence d’ABCD1, des protéines, normalement situées au niveau des liaisons serrées et assurant l’étanchéité de la barrière hémato-encéphalique, ne s’y trouvaient pas correctement placées. Le passage est alors ouvert et les cellules et molécules de l’inflammation peuvent infiltrer le cerveau. L’absence de la protéine ABCD1 fonctionnelle pourrait être responsable de l’ouverture de la barrière hémato-encéphalique. Au niveau du cerveau, la rupture de la barrière hémato-encéphalique pourrait donc être en cause dans l’apparition de la forme cérébrale de l’adrénoleucodystrophie.

3. L’expression clinique

A la naissance, les garçons ou filles ne présentent pas de symptômes et l’expression clinique ultérieure est imprévisible. En revanche, l’ensemble des patients adultes hommes porteurs d’une mutation du gène ABCD1 finissent tous par développer des symptômes d’AMN avant l’âge de 55 ans, s’ils n’ont pas développé durant l’enfance une forme cérébrale. Comme indiqué précédemment, les filles ou femmes conductrices hétérozygotes ne développent jamais d’atteinte cérébrale. On sait cependant maintenant que 80% d’entre-elles finissent par développer des symptômes d’AMN lorsqu’elles atteignent l’âge de 60 ans.

Il n’existe pas de corrélation entre le génotype (le type de mutation du gène ABCD1) des patients et l’apparition des symptômes. En d’autres termes, au sein d’une même famille les garçons ou hommes adultes (frères, oncle-neveu par exemple) peuvent développer des manifestions différentes de la maladie. D’une famille à l’autre, même si la mutation du gène ABCD1 est identique dans les 2 familles, les patients atteints peuvent présenter des manifestations différentes de la maladie. Bien qu’ils ne soient pas encore précisément identifiés, des facteurs extérieurs semblent responsables du déclenchement du processus inflammatoire cérébral. Un traumatisme cérébral ou un accident vasculaire même mineur peuvent par exemple déclencher la démyélinisation cérébrale chez les patients ne présentant que des symptômes d’AMN ou même ne présentant encore aucun signe de la maladie. Des facteurs génétiques propres à chaque patient, et différents de la mutation du gène ABCD1, expliquent aussi une résistance à développer la forme la plus grave d’ALD (forme cérébrale démyélinisante) ou l’apparition des premiers signes d’AMN à un âge plus tardif ou sous une forme moins sévère.

La forme ALD cérébrale

Bien que tous les garçons atteints d’ALD naissent sans symptôme, la forme cérébrale de l’ALD se déclare le plus souvent entre 5 et 12 ans, jamais avant 4 ans. Des lésions de démyélinisation apparaissent d’abord sur les images d’IRM cérébrale et évoluent initialement lentement pendant plusieurs mois, voire années, sans le moindre symptôme identifiable. Et ce n’est que dans un deuxième temps qu’apparaissent simultanément des signes cliniques en rapport avec une progression importante et rapide des lésions de démyélinisation cérébrale. Sans greffe de moelle osseuse, et après une dégradation motrice et intellectuelle majeure, l’état des enfants peut se stabiliser pendant des années voire des décennies. Beaucoup cependant, surtout les plus jeunes, peuvent décéder de complications secondaires, respiratoires le plus souvent.

Les symptômes cliniques dépendent de la localisation des lésions de démyélinisation. D’une manière générale, la maladie évolue d’autant plus vite qu’elle débute tôt. Les symptômes initiaux les plus fréquemment observés sont : des difficultés scolaires, des troubles de l’attention, des difficultés pour se repérer dans l’espace, des difficultés du graphisme (dessin, écriture), des difficultés pour s’habiller (dyspraxie), des difficultés pour comprendre (ces garçons font souvent répéter les choses comme s’ils n’entendaient pas), des crises d’angoisses dues au fait qu’ils voient moins bien, comprennent moins bien et ne comprennent pas pourquoi.

Chez l’adulte, au moins 65 % des hommes entre 20 et 55 ans développent aussi une forme cérébrale visible à l’IRM cérébrale. Dans la moitié des cas, cette atteinte cérébrale se stabilise spontanément sans grande conséquence sur le plan moteur ou intellectuel et les patients peuvent mener une vie normale (sauf s’ils ont aussi des signes d’AMN, ce qui est presque toujours le cas). Dans l’autre moitié des cas, l’évolution des formes cérébrales de l’homme adulte est identique aux formes cérébrales du garçon, la période initiale d’aggravation lente des fonctions intellectuelles, visuelles et auditives étant cependant plus longue que chez les garçons. Tous les hommes adultes présentant une atteinte cérébrale démyélinisante présentent aussi des signes d’atteinte de la moelle épinière.

Certaines formes cérébrales n’évoluent pas immédiatement vers un stade inflammatoire (moins de 5 %). On parle alors de formes cérébrales chroniques dans lesquelles les lésions de démyélinisation évoluent très lentement. Ces patients peuvent être stables pendant plusieurs décennies. Ces patients ne développent pas de troubles visuels ou moteurs sauf lorsqu’une adrénomyéloneuropathie apparaît à l’âge adulte. Ils présentent cependant des déficits intellectuels importants qui compliquent leur adaptation à une vie scolaire ou professionnelle normale.

Les formes cérébrales ne sont pas décrites chez la femme.

L’adrénomyéloneuropathie

Les premiers symptômes de l’adrénomyéloneuropathie peuvent apparaitre chez l’homme entre 20 et 30 ans. Le plus souvent, ce sont des difficultés à courir, à marcher longtemps, en terrain accidenté. Le handicap moteur progresse lentement sur des décennies. L’adrénomyéloneuropathie est caractérisée par une paraparésie spastique (déficit moteur des membres inférieurs avec raideurs) associée à des troubles de l’équilibre (ataxie sensitive), des difficultés pour uriner. Une insuffisance surrénale, clinique ou simplement biologique, est très fréquente chez les hommes.

Les femmes conductrices de la mutation développent également les symptômes de l’adrénomyéloneuropathie. L’âge d’apparition est plus tardif, entre 40 et 50 ans. Les symptômes initiaux sont les mêmes que chez les hommes, mais les femmes sont plus souvent gênées par des troubles de l’équilibre que par une raideur des jambes, et ont plus souvent des douleurs neurogènes (à type de courant électrique, de broiement…) dans les jambes. Les difficultés urinaires sont aussi plus fréquentes et sévères et parfois associées à des difficultés de contrôle du sphincter anal.

Les symptômes de neuropathie périphérique sont rares, tant chez les hommes que chez les femmes hétérozygotes.

L’AMN évolue le plus souvent lentement sur des décennies avec des périodes de stabilisation apparente qui peuvent durer des années. Les membres supérieurs ne sont jamais atteints. Les fonctions intellectuelles ne sont pas touchées.

L’insuffisance surrénale (maladie d’Addison)

Environ 70 % des patients de sexe masculins atteints d’adrénoleucodystrophie finissent par développer à un moment de leur vie une insuffisance surrénale. Elle peut précéder les autres symptômes neurologiques de l’adrénoleucodystrophie (parfois pendant plusieurs dizaines d’années) ou bien survenir en même temps.

On peut la repérer à partir de l’âge de 3-4 ans par une pigmentation brune plus marquée au visage, au cou et au dos des mains, des cicatrices ou des plis de flexion des doigts, une fatigabilité accrue, des troubles digestifs, des nausées ou un manque d’appétit. L’insuffisance surrénale devrait être un signe évocateur d’une éventuelle adrénoleucodystrophie.

Chez les femmes conductrices ayant des symptômes d’adrénomyéloneuropathie, l’existence d’une insuffisance surrénale est très rare.

L’insuffisance testiculaire

Les hommes porteurs de la mutation présentent souvent des signes biologiques d’insuffisance testiculaire sans signes cliniques. Les hommes peuvent présenter des troubles de l’érection qui sont dus à l’atteinte de la moelle épinière. Très rarement, ils sont dus à l’insuffisance hormonale testiculaire qui entraîne une diminution de la testostérone et donc de la libido. Les femmes conductrices ne présentent aucune anomalie de la fonction ovarienne.

Les femmes conductrices :

Classiquement, l’adrénoleucodystrophie était considérée comme une maladie touchant uniquement les garçons et les hommes. Il est devenu clair depuis une quinzaine d’année qu’au moins 80% des femmes conductrices de la mutation responsable de la maladie finissent par développer des symptômes neurologiques d’AMN lorsqu’elles atteignent l’âge de 60 ans. Ces symptômes sont généralement moins sévères que chez les hommes adultes. Le pourcentage de femmes conductrices qui développent une forme de symptôme augmente graduellement avec l’âge, de 30% des femmes conductrices à l’âge de 20 ans, à plus de 80% des femmes après 60 ans.

4. Le diagnostic de la maladie

L’adrénoleucodystrophie est évoqué devant le tableau clinique neurologique ou endocrinien et les anomalies de la substance blanche à l’IRM cérébrale quand elles sont présentes. Elle est diagnostiquée par la mesure de la concentration des acides gras à très longue chaîne dans le plasma. Trois valeurs sont mesurées : le taux d’acide gras saturés en 26 carbones, le rapport entre les taux d’acides gras saturés à 24 et 22 carbones, et le rapport entre les taux d’acides gras saturés à 26 et 22 carbones.

Ce diagnostic est totalement fiable chez les hommes. Chez les femmes hétérozygotes, le diagnostic est faussement négatif dans 20% des cas. Une analyse génétique (identification de la mutation du gène ABCD1) est indispensable pour confirmer ou infirmer le diagnostic.

Les changements biochimiques (augmentation de la concentration des acides gras à très longue chaîne dans le plasma) surviennent avant les premiers symptômes, permettant le dépistage de l’adrénoleucodystrophie chez les garçons et filles nouveau-nés.

5. Le dépistage de la maladie dans chaque famille et le conseil génétique

Le dépistage dans chaque famille permet d’identifier des garçons encore asymptomatiques sur le plan neurologique et de  proposer une greffe de moelle osseuse à un stade précoce de la maladie, s’ils développent une forme cérébrale. Pour cela, une IRM cérébrale doit être réalisée tous les 6 mois à partir de l’âge de 4 ans jusqu’à l’âge de 12 ans, puis une fois par an jusqu’à l’âge de 50 ans. Il permet aussi d’identifier des hommes adultes qui  commenceraient à développer une forme cérébrale, ne présentant pas encore de symptômes évidents d’AMN, mais également d’identifier des patients de sexe masculin ALD, souffrant d’insuffisance surrénale qui, si non diagnostiquée et traitée à temps, peut s’avérer très grave et parfois mortelle.

Ce dépistage familial est aussi indispensable pour identifier toutes les femmes à risque d’être conductrices (hétérozygotes) de la mutation, et les informer du risque pour leurs futurs enfants et des modalités du diagnostic prénatal. Il l’est également pour les hommes ayant des filles en âge d’avoir des enfants, mais n’ayant pas encore développé la maladie (les premiers signes d’AMN peuvent parfois apparaître après l’âge de 45-50 ans chez les hommes).

Ce dépistage repose sur le dosage des AGTLC chez les hommes et la recherche de la mutation du gène ABCD1 chez les femmes.

6. Le dépistage néonatal

L’adrénoleucodystrophie peut aussi être dépistée dès 3 jours de vie chez tous les nouveau-nés à partir d’un prélèvement de sang déposé sur buvard (prélèvement de Guthrie). Des programmes de dépistage systématique de l’ALD sont mis en place aux États-Unis et bientôt aux Pays-Bas. Le dépistage néonatal de l’adrénoleucodystrophie, techniquement possible de nos jours, n’existe pas encore en France.

7. Les traitements

• Greffe allogénique de moelle osseuse

Une greffe allogénique de moelle osseuse peut être proposée pour le traitement des formes cérébrales précoces de la maladie. C’est le seul traitement qui permet, lorsqu’il est effectué au tout début de la maladie (en pratique quand les patients n’ont aucun symptôme), de stabiliser les lésions cérébrales de démyélinisation. Une greffe de moelle osseuse est inefficace, et peut même être néfaste, à un stade avancé ou tardif de la maladie. La greffe n’est possible que si un donneur compatible (moelle ou sang de cordon) est trouvé. La greffe de moelle osseuse a la même efficacité chez les hommes adultes que chez les garçons. Chez les garçons, quand le donneur n’est pas un frère ou une sœur non atteint, le risque de mortalité dû aux complications de la greffe (rejet, réaction de greffon contre l’hôte) est de l’ordre de 12-13%. Pour les hommes, le risque de mortalité dû aux complications de la greffe est beaucoup plus élevé : de l’ordre de 35%, notamment à cause de complications bactériennes fatales que l’on n’observe plus chez l’enfant.

• Thérapie génique

La thérapie génique est un traitement encore en essai thérapeutique qui repose sur l’auto- greffe de cellules souches de moelle osseuse, prélevées chez les patients et réparées en laboratoire au moyen d’un vecteur viral de thérapie génique. Les premiers essais (4 patients dans un premier essai de phase I/II et 17 patients dans un deuxième essai de phase II/III) indiquent une très bonne efficacité de la thérapie génique, comparable à celle de la greffe de moelle osseuse, sans en avoir aucune des complications. Si les résultats de l’essai de phase I/II se confirment, la thérapie génique pourrait être relativement rapidement proposée à des garçons à un stade précoce de leur maladie cérébrale pour lesquels aucun donneur apparenté compatible (frère ou sœur non atteint) n’est disponible. La thérapie génique sera aussi proposée dans un second temps aux hommes adultes présentant une forme cérébrale évolutive potentiellement grave.

Figure 3: Evolution et traitements. À la naissance, les personnes atteintes d’ALD ne présentent pas de symptômes cliniques. Les acides gras à très longues chaînes peuvent être dépistés à 3 jours de vie. Dès les tous premiers symptômes de la forme cérébrale de la maladie, une greffe de moelle osseuse peut être proposée. S’il n’y a pas de donneur compatible apparenté (frère ou sœur non atteints) disponible, une thérapie génique peut être envisagée. Une prise en charge symptomatique des patients et les traitements hormonaux de substitution sont possibles à tout moment. Une prise en charge psychologique et des traitements palliatifs peuvent être proposés.

• Traitement de l’adrénomyéloneuropathie

Le traitement de l’adrénomyéloneuropathie repose sur une prise en charge symptomatique des patients : rééducation motrice active et passive, traitement des troubles urinaires, de la spasticité, des douleurs des membres inférieurs, des troubles de l’érection. Le maintien d’une activité régulière bihebdomadaire de marche reste le « traitement » le plus efficace de l’AMN. A lui seul, il permet d’améliorer significativement le déficit moteur des membres inférieurs

• Traitement de l’insuffisance surrénale

Le traitement de l’insuffisance surrénale est possible via un traitement hormonal de substitution des corticostéroïdes surrénaliens (prescription d’hydrocortisone, voire de fludrocortisone). Ce traitement extrêmement simple, oral et quotidien, est indispensable et ne doit jamais être interrompu.

Huile de Lorenzo

Ce régime diététique repose sur une restriction alimentaire en acides gras à très longue chaîne et la prise d’huile enrichie en acide oléique et en acide érucique (« Huile de Lorenzo »). Il permet de normaliser en trois mois les taux plasmatiques d’acides gras à très longue chaîne, mais il n’a aucun effet dans les formes cérébrales de l’ALD et il n’y a pas de preuve scientifique d’un effet modificateur de l’huile de Lorenzo dans l’AMN ou même d’un véritable effet préventif. Enfin, il faut dire clairement que l’huile de Lorenzo est indiquée uniquement dans le traitement du défaut biochimique des ALD et ne joue aucun rôle dans d’autres pathologies neurologiques démyélinisantes ou progressives dans lesquelles les personnes peuvent métaboliser les acides gras à très longue chaîne.

• Traitement des formes cérébrales à un stade avancé

Des traitements palliatifs peuvent être proposés. Ils sont d’une importance cruciale pour améliorer la qualité de vie des enfants et des adultes atteints : lutte contre la douleur, la spasticité, traitement des complications orthopédiques, alimentation par sonde gastrique pour permettre un apport nutritionnel suffisant.

Malgré de nombreuses tentatives depuis plus de 30 ans, aucun traitement ne s’est avéré pouvoir stabiliser une forme cérébrale avancée d’ALD.

Diagnostic prénatal

Un diagnostic prénatal peut être proposé à toutes les femmes conductrices pour déterminer si l’enfant à naître est un garçon, et dans ce cas, s’il est porteur de la mutation du gène ABCD1 et donc à risque de développer durant l’enfance ou à l’âge adulte une des formes neurologiques de la maladie.

Ce dépistage nécessite un prérequis : que l’on ait bien démontré que la femme conductrice soit conductrice d’une mutation du gène ABCD1. Ce test nécessite simplement une prise de sang.

Les modalités du diagnostic prénatal sont les suivantes :

  • dès le retard de règles, confirmation par un test de grossesse que la femme est bien enceinte et confirmation qu’elle est bien conductrice, faire très rapidement une échographie afin de dater exactement le début de la grossesse ;
  • expliquer à la future maman, au couple, les risques d’avoir une fille conductrice, d’avoir un garçon atteint et, si c’est le cas, ce qu’on peut proposer aujourd’hui comme traitement ;
  • vers 7-9 semaines de grossesse, on détermine par une simple prise de sang si la future maman attend un garçon ou pas. Le test repose sur l’identification de séquences du chromosome Y dans le sang maternel (il y a toujours des cellules du fœtus qui passent dans le sang des femmes enceintes). Ce test est totalement fiable ;
  • entre 11 et 13 semaines de grossesse, on fait une ponction de trophoblastes. Cela revient à prendre un tout petit bout du placenta qui a la même origine génétique que le fœtus. Cette ponction comporte un risque minime d’avortement spontané ;
  • on fait ensuite la recherche de la mutation du gène ABCD1 sur ce prélèvement de trophoblaste. Le résultat est habituellement donné 8-10 jours après ;
  • beaucoup plus rarement, en pratique quand le diagnostic de la grossesse a été fait tard ne permettant plus de proposer à temps une ponction de trophoblaste, on fait entre 15 et 18 semaines de grossesse une ponction amniotique. Celle-ci permet de recueillir des cellules du fœtus sur lesquelles on fait : a) un caryotype (examen des chromosomes) afin de déterminer ci c’est un garçon ; b) et si c’est le cas, une recherche de la mutation du gène ABCD1.

Si le garçon à naître est porteur de la mutation du gène ABCD1, on peut proposer à la femme, au couple, une interruption volontaire de grossesse.

Le diagnostic préimplantatoire (implantation d’un œuf obtenu par fécondation in vitro après avoir vérifié que cet œuf composé de quelques cellules ne présente pas une mutation du gène ABCD1) est en pratique aujourd’hui réservé aux femmes qui ont déjà fait au moins une, voire deux interruptions volontaires de grossesse suite à un diagnostic prénatal. La raison en est simple : il existe très peu de centres compétents pour faire ce diagnostic en France, cette procédure compliquée n’est pas sans risque et l’ALD n’est qu’une maladie rare parmi beaucoup d’autres. Il y a beaucoup d’autres demandes d’autres couples concernés par d’autres maladies rares.

• Prise en charge psychologique

Une prise en charge psychologique doit accompagner non seulement les patients, mais aussi les frères et sœurs des patients, leurs parents, le conjoint et bien souvent plusieurs membres de la même famille.

• Prise en charge de la maladie au quotidien

Un soutien de kinésithérapie ainsi que la gestion des complications urologiques peuvent être proposés pour la gestion des troubles liés à l’adrénomyéloneuropathie, pour permettre le maintien d’une qualité de vie personnelle et professionnelle.

Conclusions

Plusieurs zones d’ombre existent encore pour l’ALD tant du point de vue de la compréhension de certains mécanismes (pourquoi les 2/3 des patients de sexe masculin développent une atteinte cérébrale soit dans l’enfance soit à l’âge adulte et les autres non…) que du traitement des formes cérébrales avancées.

Mieux connaître la maladie a permis de développer un test qui pourrait identifier tous les garçons nouveau-nés, permettant de les suivre très tôt et de leur offrir un traitement dont on sait aujourd’hui qu’il n’est efficace que précocement réalisé. Ce dépistage néonatal non effectué en France sera un nouveau combat pour ELA. Il permettrait d’éradiquer les formes cérébrales avancées pour lesquelles on ne peut toujours rien faire.

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